Orchestre Cacophonique et Orgue des Barbares.

    Tous les ans a lieu une représentation de l’Orchestre Cacophonique, présentant habituellement quatre morceaux de grande musique classique (par grande musique, on entend : « qui fait beaucoup de bruit »), au bord de la Baie du Locqdu.
    Cet orchestre est probablement l’une des organisations les plus anarchiques qui soit sur Terre.
    En effet, chaque année, après le concert, chaque personne souhaitant se présenter à l’orchestre reçoit les partitions des quatre musiques, et doit les travailler chez soi. Le jour du concert, chacun vient avec son instrument, et l’orchestre commence son œuvre. Aucune concertation préalable, et aucun chef d’orchestre. Il est remplacé par un métronome géant et une horloge annonçant le début du morceau. Tout le monde peut y participer, Professeurs comme civils, sans aucune restriction ni favoritisme, ni encore de différences sociales. On relate d’ailleurs le fameux concert de 1912, qui fut apparemment le meilleur concert qui ai jamais été produit. Cependant, il est difficile de juger, car tous les insulaires en faisaient partie : il n’y avait plus personne pour faire les spectateurs.
    Cependant, cette apparente anarchie rend bien : en effet, cette activité étant bénévole, chaque personne fait du mieux pour le plaisir du travail bien fait. C’est pourquoi le résultat final est la plupart du temps audible.
    On y trouve de tout : des instruments classiques aux babioles fabriquées chez soi, en passant par les engins mécaniques à vapeur et, bien sûr, l’Orgue des Barbares.
    Si le concert tient lieu au bord de la Baie du Locqdu, c’est parce qu’il s’y tient l’Orgue des Barbares : cet immense engin, bien que semblant sorti de la tête d’un épileptique schizophrène versatile et paranoïaque, est bâti initialement sur des tubulures naturelles, probablement des anciennes cheminées volcaniques très fines et très hautes. Cependant, cette base disparaît sous l’amoncellement des tuyaux artificiels en cuivre ou verre, des avertisseurs sonores, des panses de brebis et du matériel alchimique. Une famille de crapaud, entretenue depuis des siècles, fait même partie du mécanisme. Nul ne se souvient de son concepteur, et cependant, chaque année, un suicidaire s’assied sur le tabouret (fabriqué en une carapace de tortue) pour y apporter la touche grandiloquente et bizarre du concert annuel. 

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