Histoire et Chronologie de l’Institut de Verlor

    Il est évident que l’Institut de Verlor n’a pas eu une véritable et passionnante histoire : son exiguïté empêchait les dissocions sociales dans le peuple et les guerres civils, son isolation lui interdisait les contacts diplomatiques ou belliqueux avec des puissances étrangères, et les révolutions ne courent pas nos rues.
    Cependant, je pense qu’il est de mon devoir de vous relater les événements importants en traçant un compte-rendu chronologique.
    Votre humble serviteur,

Pr. Szadeczki, bibliothécaire de l’Institut.

Avant 1009 : Période primitive antécivilisée

 

    Avant que les érudits débarquent avec le capitaine et futur archiduc Eninl, l'île du Locqdu était peuplée d'individus primitifs. Ils ne faisaient que pêcher et danser au son d'instruments barbares. Ils n'avaient aucune ambition, et ne vivaient que dans quelques cahuttes au bord de la baie du Locqdu. Seul aspect civilisé : de nombreux temples et quelques prêtres-sorciers, vénérant une pléthore de divinités toutes aussi stupides et incongrues les uns que les autres, qui seront à l'origine du Chronoplasmisme. Ils vécurent relativement tranquillement, et leur supposé chef, Och, eu même une légère part dans la fondation du pays. Mais ils furent rapidement décimé par la civilisation, et s'intégrèrent très rapidement. 

≈1009 : Fondation de l’Archiduché du Locqdu.


        Le Vaisseau du Dessert, bateau affrété par une équipe d’érudits explorateurs pour la cartographie de cartes, s’arrête sur l’île qui deviendra l’île du Locqdu. L’équipage trouva l’endroit si accueillant, chaud et sec après l’air humide et glacial des embruns de la mer, qu’il s’y installa. Les érudits, dirigés par Hildegond Verlor et Géranium Locqdu, refusèrent, mais le capitaine Eninl refusa de partir, et détruisit même son bateau. Verlor accepta donc avec résignation. Une ville fut fondée, et son nom fut l’assemblage de trois grands personnages qui furent les fondateurs du pays : Verlor l’astronome, Eninl le capitaine et Och, un autochtone un peu perdu. Eninl s’autoproclama Archiduc, et fonda l’Archiduché du Locqdu. Les érudits, dirigés par Verlor et Locqdu, s’installèrent au Nord de l’île, à l’opposé du village, afin de fondé un centre de recherche et d’enseignement : l’Université. Verlor en devint Chancelier. 

1022 : Révolution scientifique et Institution de l’Institut.

    En l’an 1022, l’île était clairement séparée entre la Juridiction de l’Archiduché et celle de l’Université. Verlor, considérant que toute l’île devait appartenir aux cartographes puisque c’était eux qui avaient lancé l’expédition, ne supportait pas cette situation. C’est pourquoi il organisa une offensive contre la ville de Verlor’Eninl-Och, malgré les supplications du fondamentalement pacifique Locqdu, qui était bibliothécaire et gouvernait l’Institut conjointement avec Verlor. 
     L’attaque eu lieu le 25 juin 1022. Les 27 érudits attaquèrent pas surprise, chargeant armés de tous les objets qui leur étaient tombés sous la main : encriers, plumes, cartes, boussoles, sextants et matériel alchimique. Le peuple en fut tellement déconcerté que la victoire des érudits fut du en grande partie au fait que les adversaires étaient pliés en deux de voir des vieillards croulants en robe et chapeau pointu leur courir dessus.
       Après avoir emprisonné l’Archiduc Eninl, Verlor s’autoproclama Seul et Unique Dirigeant de l’Ile du Locqdu. Le début du gouvernement par l’Université commença. Cependant, comme les attributions des universitaires augmentèrent avec la prise en charge de la politique, l’ensemble des institutions se baptisa l’Institut de Verlor, qui prend en charge les affaires politiques, et l’Université, qui garde ses attributions scientifiques et instructrices. 
     Cela ne changea pas grand-chose pour le peuple, à vrai dire. Au contraire, il en eu plus de liberté. Car, enfermés dans leurs tours du Nord, les érudits commandaient peut-être, mais les villageois de Verlor’Eninl-Och faisaient comme avec les vieux : ils disaient « oui, oui », puis faisaient à leur idée.

 

1274 : Création du Collège de Morphypnologie.


    En 1274, le Dr. Sandal, premier véritable morphypnologue analytique, fonda le Collège de Morphypnologie, qui aura pour but et fonction d’enseigner aux intéressés la Morphypnologie, et servira également d’hôpital de fortune pour les plus souffrants.

1388 : Nationalisation du Collège de Morphypnologie.


    En 1388, le chancelier de l’Institut, le Professeur Tourmente, décida, afin de garder un œil sur cette science de plus en plus populaire, de nationaliser le Collège de Morphypnologie. La nationalisation se passa sans trop de problèmes, et la transition passa presque inaperçue, malgré quelques protestations de la part des deux parties, le directeur du Collège ayant une place au conseil des Professeurs. 

1512 : Conjuration du Clergé.

    Avant 1512, l’expulsion des membres du clergé n’était pas encore officielle, quoique rondement menée par les professeurs, jugeant impies ceux qui croyaient encore que le monde avait été créé en six jours (la théorie en vogue à l’époque affirmait que trente-deux jours au minimum étaient nécessaires à la mise en place des règles fondamentales et de l’agencement du réseau magmatique souterrain, même pour un être suprême comme Dieu). La plupart des religions avaient même disparu face à l’agnosticisme forcené mené à coups de savates par les honorables érudits. Seuls restaient, à vrai dire, quelques prêtres catholiques.
    La nuit du 27 août 1512, les ecclésiastiques mirent en place une révolution capable d’instaurer une part plus importante du clergé dans le gouvernement, et, pourquoi pas, de gouverner carrément la petite île. .
    En annonçant que les professeurs n’étaient rien d’autre que des vampires assoiffés de sang qu’il fallait tuer pour purifier le monde, les cinq prêtres menèrent une troupe d’une centaine d’hommes armés de fourches, de pieux et de torches. Cependant, ils n’arrivèrent jamais au bout.
    Quand il s’approchèrent des portes de l’académie, la tour d’Eau-de-Narde (un ancien château d’eau créé pour une gigantesque expérience de distillation aux frais des contribuables), fragilisée depuis quelques décennies, tomba carrément sur les cinq prêtres. Comme le dit le proverbe : couper la tête, et le corps suivra, la populace retourna vaquer à ses occupations. Depuis, toute profession ecclésiastique est prohibée sur l’île, bien que les religions soient toujours autorisées, dans une parfaite liberté de culte.

1703 – 1734 : Guerre Civile de la Narde

 

Informations générales
Date 12 avril 1703 – 7 août 1734
Lieu Ile du Locqdu
Casus belli Chute de la tour d’Eau-de-Narde
Belligérants – Commandants

- Institut de Verlor

- Compagnie de Distillation d'Eau-de-Narde

- Collège des Morphypnologues

- Forces Armées

- Auberge d'Ongulent

- Chancelier Virodnius

- Horace Vandelmut

- Docteur Phytogastre Quenouille                   

- Maréchal Ignace Potin

- Tom Ongulent

 

    La Guerre Civile de la Narde est le pire conflit armé qu’ai connu l’île du Locqdu. On peut la diviser en quatre épisodes :

Episode I, 12 avril 1703 – 22 janvier 1708 : la Grande Dépression Ethylique
    Le 12 avril, la tour d’Eau-de-Narde, reconstruite sur demande de la compagnie de Distillation, suite à un mauvais entretien, explose majestueusement. Cependant, toute la production d’eau-de-narde, alcool spécifique et endémique de l’île du Locqdu, fut perdue, plongeant le pays dans la déprime, une déprime grandissante qui gagne toutes les couches de la société.

Episode II, 23 janvier 1708 – 31 juillet 1722 : l’Instabilité Politico-Sociologique
    Le 23 janvier 1708, les forces armées, encore conséquentes en ce temps-là, n’en peuvent plus et explosent : selon elles, la lenteur de la reconstruction de la tour d’Eau-de-Narde et la prohibition de fabriquer de l’alcool autre part que dans cette tour est une manigance de l’Institut afin de garder tout l’alcool restant pour lui et de faire souffrir le peuple. Ce dernier, passablement sobre, l’écoute, et une révolution est en marche dans la capitale, fabriquant barricades afin de conquérir du territoire au nom de la Glorieuse République des Eméchés.
    Profitant de ce brouhaha général, les morphypnologues décidèrent de sortir de l’ombre et de la soumission, et se levèrent afin de réclamer leur indépendance d’antan, et la Compagnie de Distillation d’Eau-de-Narde réclama quant à elle la fin de l’emprise de l’Institut sur la production et la distillation d’alcool.
    Il existe, bien évidemment, des points stratégiques à conquérir. Celui de cette guerre fut l’Auberge d’Ongulent, car « c’est à équidistance de tous les points de contrôles administratifs de la ville, qu’on y mange bien et qu’on y a une vue magnifique sur la mer ». L’auberge étant moult et moult fois revendiquée par divers groupes révolutionnaires, Thomas Ongulent, l’aubergiste, décida avec sa famille de créer son propre mouvement révolutionnaire, prônant « le pouvoir pour les aubergistes et les obèses ». Il ne fut suivi par personne.
    Pendant quatorze années, un conflit sans précédent ravagera le pays. Les professeurs, terrés dans leurs appartements, envoyaient des dirigeables survoler le territoire et envoyer des bombes chimiques et bactériologiques stratégiques. La Compagnie de Distillation d’Eau-de-Narde envoie toutes ses troupes à l’assaut de la tour, qui, déjà instable, ne demande qu’à s’écrouler, ce qu’elle fera le 17 avril 1712, causant la mort de 6 assaillants distillistes.
    La plus grande bataille reste la Bataille du Bord de Mer. Les quatre plus importantes factions firent un raid simultané sur l’auberge d’Ongulent. Les coups pleuvaient, le sang coulait, et le bruit des armes était assourdissant. L’on dénombra lors de cette bataille plus de quatre cents mort, chiffre véritablement important pour un si petit pays.
La seule opposition pacifique, celle des Joyeux Lurons (une chorale de personnes du troisième âge), fut sauvagement réprimée par les forces armées.
    Cet épisode se clôt sur les morphypnologues qui reprennent leur ancien Collège et qui coupent toutes les vivres en direction de l’Institut. Celui-ci est obligé de se rendre, au profit du Collège des Morphypnologues. Ce sont les grands gagnants de cette bataille.

Episode III, 1 août 1722 – 15 octobre 1729 : la Démocratie Absolue
    Lorsque le Collège des Morphypnologues gagna la guerre, il mit en place une démocratie absolue et utopique. Tout le monde pouvait enfin voter les lois et décider du sort du pays, même si le gouvernement restait composé d’érudits morphypnologues. Cependant, une répression sauvage et dictatoriale s’imposa : tous les médias et moyens de communication furent sous l’emprise du Collège, et plus personne n’avait le droit d’élever la voix. La Compagnie de Distillation d’Eau-de-Narde fut démantelée, et la reconstruction de la tour interdite. Seuls les professeurs, qui restaient désespérément cloîtrés dans leurs tours, résistaient tant bien que mal à l’oppression. A la fin de cet épisode, les forces armées sont démantelées, et il n’y a plus vraiment d’oppression.

Episode IV, 16 octobre 1729 – 7 août 1734 : le Renversement et la restauration
    Le 16 octobre 1729, Tom Ongulent, seul véritable rescapé de ce massacre, élève la voix et fait remarquer que, durant toute la Démocratie Absolue, il n’y avait pas eu de nouveau de production de narde. Un soulèvement se produisit, et une guerre civile s’engagea de nouveau, mais cette fois-ci, mieux organisée.
    Ongulent et les pauvres gens s’associèrent avec la Compagnie de Distillation d’Eau-de-Narde afin de remettre d’aplomb la production d’alcool, et les professeurs s’allient avec eux : ils jurent qu’ils laisseront la Compagnie de Distillation indépendante si elle les aide à reprendre le pouvoir. Aussitôt dit, aussitôt fait, et il s’engage un siège du Collège des Morphypnologues, qui durera plus de quatre ans. Le 7 août 1734, voyant que le siège ne menait à rien, le Professeur Glandinius fabriqua une bombe qui fut adroitement lancée au beau milieu de la cour du Collège. Celui-ci fut soufflé, et il n’en resta rien, ni même aucun morphypnologue officiellement ; on estime les pertes à 128 disparus. En l’absence d’opposition, l’Institut reprit le pouvoir, et, fidèle à sa promesse, laissa carte libre à la Compagnie de Distillation d’Eau-de-Narde.
 

Contact

Pr. Szadeczki, bibliothécaire de l'Université

szad94@aol.com

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